samedi 6 juin 2015

Modération de contenu : manque de réactivité chez RuTube

Ces dernières années, on observe une importante augmentation des Français qui préfèrent RuTube à YouTube. La raison est simple : la durée de vie des contenus extrémistes et racistes est plus longue sur la plateforme russe que sur sa concurrente américaine. Cela est dû, entre autres, à un manque de réactivité dans la modération de contenu.

Dieudonné et le FN en profitent


Dieudonné fait partie des initiateurs de cette nouvelle tendance. Suite au signalement à un modérateur d’une ironie de l’humoriste sur la décapitation du journaliste américain James Foley par l’Etat islamique, l’humoriste s’est vu retirer sa chaîne IamDieudo. Il a vu cependant un autre moyen pour être en contact avec son public : RuTube, concurrente de la plateforme américaine. L’initiative ne lui a pas fourni plus de fans que sur YouTube, mais a suffi à la plateforme russe d’augmenter sa « colonie » de Français.
Les interventions de Marine Le Pen ne peuvent pas être postées en intégralité sur YouTube, sous peine de sanctions venant de l’équipe de modération de contenu de la plateforme. L’organe de presse du Front National a vu heureusement en RuTube un moyen de contourner cette règle. Certains militants du parti extrémiste n’hésitent même pas à y poster des vidéos déjà censurés par YouTube.

La faute à des modérateurs qui ne parlent pas français


RuTube est une propriété du géant gazier Russe Gazprom, depuis 2008, année de son rachat en 2006, par deux entrepreneurs russes de la ville d’Orel. Bien que beaucoup de personnes pensent le contraire, le site n’est pas indifférent aux contenus incitant à la haine, à la violence et à l’intolérance religieuse, entre autres. Le retrait du film anti-islam « l’Innocence des musulmans » en est une illustration. Comment expliquer donc la présence des contenus français incitant à la haine sur la plateforme ? Elena Skharova, un des hauts responsables de la firme, parle de la non-maîtrise du français par les modérateurs. L’adversaire russe de YouTube devrait donc penser à une externalisation offshore de la modération de ses contenus.

Une référence à YouTube


Sergey Kornikhin, un autre haut responsable de la plateforme, évoque un autre problème : la surcharge de travail. Une externalisation à Madagascar ou vers un autre pays où la main d’œuvre est plus abordable est donc la solution idoine.
Le directeur des contenus semble toutefois ne pas être d’accord avec la raison avancée par sa collaboratrice. Il estime que son équipe est capable de réagir avec précision et rapidité après signalement de contenus illicites. Il a même révélé que tous les contenus interdis sur YouTube le sont également sur RuTube. Ce qui ne correspond pas à la réalité. L’outscourcing offshore de la modération peut heureusement tout rétablir.