Ces
dernières années, on observe une importante augmentation des Français qui
préfèrent RuTube à YouTube. La raison est simple : la durée de vie des
contenus extrémistes et racistes est plus longue sur la plateforme russe que
sur sa concurrente américaine. Cela est dû, entre autres, à un
manque de réactivité dans la modération de contenu.
Dieudonné et le FN en profitent
Dieudonné
fait partie des initiateurs de cette nouvelle tendance. Suite au signalement à
un modérateur d’une ironie de
l’humoriste sur la décapitation du journaliste américain James Foley par l’Etat
islamique, l’humoriste s’est vu retirer sa chaîne IamDieudo. Il a vu cependant
un autre moyen pour être en contact avec son public : RuTube, concurrente
de la plateforme américaine. L’initiative ne lui a pas fourni plus de fans que
sur YouTube, mais a suffi à la plateforme russe d’augmenter sa « colonie »
de Français.
Les
interventions de Marine Le Pen ne peuvent pas être postées en intégralité sur
YouTube, sous peine de sanctions venant de l’équipe de modération
de contenu de la plateforme. L’organe de presse du Front National a vu
heureusement en RuTube un moyen de contourner cette règle. Certains militants
du parti extrémiste n’hésitent même pas à y poster des vidéos déjà censurés par
YouTube.
La faute à des modérateurs qui ne parlent pas français
RuTube
est une propriété du géant gazier Russe Gazprom, depuis 2008, année de son
rachat en 2006, par deux entrepreneurs russes de la ville d’Orel. Bien que
beaucoup de personnes pensent le contraire, le site n’est pas indifférent aux
contenus incitant à la haine, à la violence et à l’intolérance religieuse,
entre autres. Le retrait du film anti-islam « l’Innocence des
musulmans » en est une illustration. Comment expliquer donc la présence
des contenus français incitant à la haine sur la plateforme ? Elena
Skharova, un des hauts responsables de la firme, parle de la non-maîtrise du
français par les modérateurs. L’adversaire russe de YouTube devrait donc penser
à une externalisation offshore de la
modération
de ses contenus.
Une référence à YouTube
Sergey
Kornikhin, un autre haut responsable de la plateforme, évoque un autre
problème : la surcharge de travail. Une externalisation à Madagascar ou vers un autre pays où la main
d’œuvre est plus abordable est donc la solution idoine.
Le
directeur des contenus semble toutefois ne pas être d’accord avec la raison
avancée par sa collaboratrice. Il estime que son équipe est capable de réagir
avec précision et rapidité après signalement de contenus illicites. Il a même
révélé que tous les contenus interdis sur YouTube le sont également sur RuTube.
Ce qui ne correspond pas à la réalité. L’outscourcing
offshore de la modération peut heureusement tout rétablir.